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« La confrontation Nord/Sud au-delà de la péninsule : les Coréens du Kazakhstan »

Par Eunsil Yim (Université Paris Diderot)

Ce billet donne un résumé de la communication présentée lors de l’atelier conjoint du 6 février 2015 : ‘Une « post-division » coréenne ? Regards croisés franco/sud-coréens sur la péninsule divisée’ (http://parisconsortium.hypotheses.org/6551)

 

Depuis la fin des années 1980, les Coréens de l’ex-Union soviétique, qui ont été déportés de l’Extrême-Orient de la Russie en Asie centrale en 1937, sont devenus l’objet de luttes d’influence opposant les deux États coréens. Cependant, l’effacement relatif de la Corée du Nord par rapport à une présence ostentatoire de la Corée du Sud dans l’espace post-soviétique tend à accréditer l’hypothèse selon laquelle la confrontation Nord/Sud n’est plus d’actualité. La trop grande inégalité économique entre les deux États en faveur de la Corée du Sud rendrait caduque toute logique de concurrence qui prévalait jusqu’alors. En s’appuyant sur le croisement de différents résultats obtenus lors des enquêtes de terrain, menées essentiellement au Kazakhstan post-soviétique, cette présente communication se propose d’examiner le face-à-face des nord et sud-coréens – à travers l’exemple de la « guerre des langues » (1989-1991) – et les effets qu’il induit sur le processus de (re)construction de l’identité collective de cette diaspora coréenne.

« La confrontation Nord/Sud au-delà de la péninsule : les Coréens du Kazakhstan »

Par Eunsil Yim (Université Paris Diderot)

Ce billet donne un résumé de la communication présentée lors de l’atelier conjoint du 6 février 2015 : ‘Une « post-division » coréenne ? Regards croisés franco/sud-coréens sur la péninsule divisée’ (http://parisconsortium.hypotheses.org/6551)

 

Depuis la fin des années 1980, les Coréens de l’ex-Union soviétique, qui ont été déportés de l’Extrême-Orient de la Russie en Asie centrale en 1937, sont devenus l’objet de luttes d’influence opposant les deux États coréens. Cependant, l’effacement relatif de la Corée du Nord par rapport à une présence ostentatoire de la Corée du Sud dans l’espace post-soviétique tend à accréditer l’hypothèse selon laquelle la confrontation Nord/Sud n’est plus d’actualité. La trop grande inégalité économique entre les deux États en faveur de la Corée du Sud rendrait caduque toute logique de concurrence qui prévalait jusqu’alors. En s’appuyant sur le croisement de différents résultats obtenus lors des enquêtes de terrain, menées essentiellement au Kazakhstan post-soviétique, cette présente communication se propose d’examiner le face-à-face des nord et sud-coréens – à travers l’exemple de la « guerre des langues » (1989-1991) – et les effets qu’il induit sur le processus de (re)construction de l’identité collective de cette diaspora coréenne.

« Méta-culture/méta-nation coréenne. En finir de manière indisciplinée avec les interfaces »

Par Valérie Gelézeau (EHESS)

Ce billet donne un résumé de la communication présentée lors de l’atelier conjoint du 6 février 2015 : ‘Une « post-division » coréenne ? Regards croisés franco/sud-coréens sur la péninsule divisée’ (http://parisconsortium.hypotheses.org/6551).

 

Ce titre un peu impertinent permet d’introduire le projet collectif du Centre Corée (« Les interfaces Nord/Sud dans la péninsule coréenne »), suivi sur 10 ans et marqué par quelques jalons et productions collectives : d’abord un projet ANR, qui s’est clôturé par un colloque (2008), ensuite, un article écrit à 16 mains (réellement à 8 personnes !) paru dans la revue EspacesTemps.net en 2010 (http://www.espacestemps.net/articles/interfaces-et-reconfigurations-de-la-question-nordsud-en-coree/); enfin un livre collectif co-édité avec Koen de Ceuster et Alain Delissen De-bordering Korea. Tangible and Intangible Legacies of the Sunshine Policy (2013 Routledge). Ce projet, qui a réuni 10 personnes, dans 6 disciplines a d’abord été structuré par la transversalité : il ne s’est pas simplement agi de juxtaposer les cas d’études abordant les interfaces entendues comme tous les types de contacts pouvant exister les deux Corée. Trois grands types d’interfaces ont rapidement été identifiées : spatiales (les frontières et les hauts-lieux Kaesŏng, Kŭmgang), sociales (des groupes comme personnes venant du Nord habitant au Sud – au sens très large, migration récente ou plus anciennes) et enfin les interfaces symbolique (essentiellement les discours de l’une Corée sur l’autre).
Mais surtout, le projet a utilisé l’interface comme méthode de réflexion, en travaillant ce concept venu de de la biologie et des sciences informatiques et qui désigne un élément de liaison entre deux systèmes qui, sans cela, ne pourrait pas communiquer, plutôt qu’une notion comme celle de « frontière » déjà largement travaillée par les sciences sociales.
Or c’est justement grâce à cette indiscipline de l’approche par les interfaces, que mon approche géographique de la frontière a pu évoluer. Je conçois aujourd’hui la frontière coréenne comme une frontière épaisse (loin de se limiter à un simple trait sur une carte, elle crée de multiples frontières sociales, anthropologiques, culturelles à tous les niveaux des deux sociétés concernées dans les deux Corées), et en construction permanente, comme une zone de tectonique de plaques géopolitiques. Cette frontière est d’ailleurs un bon exemple d’une « méta-frontière » (Michel Foucher), c’est-à-dire une frontière qui dépasse temporellement et spatialement le territoire dans lequel elle s’inscrit au départ : elle s’exporte globalement dans le monde de la diaspora coréenne à la Corée. Méta-frontière connectée à une « méta-culture », cette frontière permet de reconsidérer la question nationale en Corée : n’est-on pas confronté à une nouvelle géométrie de la nation et ne faut-il pas, finalement, parler de « méta-nation » coréenne ?

« Méta-culture/méta-nation coréenne. En finir de manière indisciplinée avec les interfaces »

Par Valérie Gelézeau (EHESS)

Ce billet donne un résumé de la communication présentée lors de l’atelier conjoint du 6 février 2015 : ‘Une « post-division » coréenne ? Regards croisés franco/sud-coréens sur la péninsule divisée’ (http://parisconsortium.hypotheses.org/6551).

 

Ce titre un peu impertinent permet d’introduire le projet collectif du Centre Corée (« Les interfaces Nord/Sud dans la péninsule coréenne »), suivi sur 10 ans et marqué par quelques jalons et productions collectives : d’abord un projet ANR, qui s’est clôturé par un colloque (2008), ensuite, un article écrit à 16 mains (réellement à 8 personnes !) paru dans la revue EspacesTemps.net en 2010 (http://www.espacestemps.net/articles/interfaces-et-reconfigurations-de-la-question-nordsud-en-coree/); enfin un livre collectif co-édité avec Koen de Ceuster et Alain Delissen De-bordering Korea. Tangible and Intangible Legacies of the Sunshine Policy (2013 Routledge). Ce projet, qui a réuni 10 personnes, dans 6 disciplines a d’abord été structuré par la transversalité : il ne s’est pas simplement agi de juxtaposer les cas d’études abordant les interfaces entendues comme tous les types de contacts pouvant exister les deux Corée. Trois grands types d’interfaces ont rapidement été identifiées : spatiales (les frontières et les hauts-lieux Kaesŏng, Kŭmgang), sociales (des groupes comme personnes venant du Nord habitant au Sud – au sens très large, migration récente ou plus anciennes) et enfin les interfaces symbolique (essentiellement les discours de l’une Corée sur l’autre).
Mais surtout, le projet a utilisé l’interface comme méthode de réflexion, en travaillant ce concept venu de de la biologie et des sciences informatiques et qui désigne un élément de liaison entre deux systèmes qui, sans cela, ne pourrait pas communiquer, plutôt qu’une notion comme celle de « frontière » déjà largement travaillée par les sciences sociales.
Or c’est justement grâce à cette indiscipline de l’approche par les interfaces, que mon approche géographique de la frontière a pu évoluer. Je conçois aujourd’hui la frontière coréenne comme une frontière épaisse (loin de se limiter à un simple trait sur une carte, elle crée de multiples frontières sociales, anthropologiques, culturelles à tous les niveaux des deux sociétés concernées dans les deux Corées), et en construction permanente, comme une zone de tectonique de plaques géopolitiques. Cette frontière est d’ailleurs un bon exemple d’une « méta-frontière » (Michel Foucher), c’est-à-dire une frontière qui dépasse temporellement et spatialement le territoire dans lequel elle s’inscrit au départ : elle s’exporte globalement dans le monde de la diaspora coréenne à la Corée. Méta-frontière connectée à une « méta-culture », cette frontière permet de reconsidérer la question nationale en Corée : n’est-on pas confronté à une nouvelle géométrie de la nation et ne faut-il pas, finalement, parler de « méta-nation » coréenne ?

 

« Compte rendu de l’atelier du 6 février 2015 : ‘Une « post-division » coréenne ? Regards croisés franco/sud-coréens sur la péninsule divisée’ »

Par Valérie Gelézeau (EHESS)

Cet atelier qui a duré toute une après-midi a été organisé à la Maison de l’Asie dans le cadre du séminaire pluridisciplinaire d’études coréennes du Centre de recherches sur la Corée de l’EHESS, en partenariat avec le groupe « Social Science Korea » (SSK) de l’université Dongguk, et avec le soutien du Réseau des études sur la Corée (Paris-Diderot, EHESS, INalCO). Il a réuni une douzaine de chercheurs venant principalement de France et de Corée du Sud et drainé un public d’une quarantaine de personnes (http://korea.hypotheses.org/8181).

L’atelier a présenté et confronté deux projets collectifs qui ont émergé en parallèle au milieu des années 2000 (et au départ sans liens entre eux) sur la question de la division coréenne. L’un français conduit au Centre de recherches sur la Corée de l’EHESS et intitulé « Les interfaces nord-sud dans la péninsule coréenne » (http://crc.ehess.fr/index.php?223) a mobilisé la notion géographique d’interfaces pour étudier, dans une perspective pluri-disciplinaire différents types de contacts entre les deux Corée (qu’ils soient matériels ou non), comme les frontières, mais aussi les échanges culturels, ou encore les discours des agences de presse ou du cinéma sur « l’autre Corée ». L’autre projet, sud-coréen, émane d’un groupe de recherches de l’Université Dongguk, qui tente de discuter la division de la péninsule à la lumière de la théorie de l’acteur-réseau (B. Latour). Il s’agit donc de deux projets de recherche collectifs, qui apparaissent comme des produits scientifiques de l’après-guerre froide, des réflexions sur la division coréenne qui ont émergé suite à la réunification allemande et l’effondrement du bloc soviétique, au tournant du XXIe siècle, et surtout de la période de rapprochement entre les deux Corées entre 1998 et 2008 (correspondant à la mise en œuvre de la Sunshine Policy – Haetpyŏt chŏngch’aek en Corée du Sud). Ces deux projets sont très comparables par la mise en œuvre d’une tentative de penser la division coréenne autrement que comme une donnée extérieure à la fois territoriale (partition des États) et politique (deux systèmes antagonistes et ennemis), ou comme une toile de fond des questions sociales, politiques et économiques – qui apparaît comme un problème à résoudre. Les deux projets montrent au contraire comment la division constitue une dynamique qui ne cesse de produire, à tous les niveaux, ses effets dans les deux sociétés nord- et sud-coréenne.

Deux panels successifs ont illustré les deux projets et les approches mises en oeuvre (voir ci-dessous le programme avec le titre des communications et les résumés de certaines d’entre elles).

Le premier panel, intitulé « Cadrages » et modéré par Shin Hyun Tak (Université Dongguk), a présenté trois communications générales. Les deux premières, de Valérie Gelézeau (EHESS) (Méta-culture/méta-nation coréenne. En finir de manière indisciplinée avec les interfaces) et de Park Sunsong (Université Dongguk) (« Système de division » de la Corée » et acteur(s)-réseau(x) de la (post-)division coréenne), ont présenté les deux projets, leur histoire, les concepts et la problématique, et les principaux résultats. La troisième communication, par Koen De Ceuster (Université de Leyde) (De-bordering Korea. Beyond the Sunshine Decade) présentait un commentaire d’une des principales productions du projet français (De-bordering Korea. Tangible and Intangible Legacies of the Sunshine Policy paru chez Routledge en 2013 – http://korea.hypotheses.org/4449).

Le deuxième panel, « Focus », modéré par Valérie Gelézeau, a présenté deux des nombreux cas d’études travaillés lors de ces deux projets. Kwak Jeongrae (Université nationale de Séoul), dans une communication intitulée « Evolution des moyens de communication en Corée du Nord » a notamment discuté un terrain systématique réalisé à la frontière sino-nord-coréenne, lui ayant permis de mesurer de manière particulièrement fine l’évolution de ces moyens et de revenir sur l’idée reçu de la Corée du Nord comme isolat hermétique. La deuxième communication, par Yim Eunsil (Université Paris-Diderot) (La confrontation Nord/Sud au-delà de la péninsule : les Coréens du Kazakhtsan) a exposé le cas particulier de la « guerre des langues » que les deux Corées se sont livrées au tournant des années 1990, par l’intermédiaire de diverses institutions, sur les communautés de Koryŏ saram (Coréens de l’ex-Union soviétique).

Suivis par un public nombreux, les deux panels ont été suivis d’un débat animé en trois langues (français, anglais et coréen), l’interprétation français/coréen des discussions ayant été assurée plus particulièrement par Koo Mo-duk (INalCO).

Résumé de la communication de Valérie Gelézeau : Méta-culture/méta-nation coréenne. En finir de manière indisciplinée avec les interfaces

Ce titre un peu impertinent permet d’introduire le projet collectif du Centre Corée (« Les interfaces Nord/Sud dans la péninsule coréenne »), suivi sur 10 ans et marqué par quelques jalons et productions collectives : d’abord un projet ANR, qui s’est clôturé par un colloque (2008), ensuite, un article écrit à 16 mains (réellement à 8 personnes !) paru dans la revue EspacesTemps.net en 2010 (http://www.espacestemps.net/articles/interfaces-et-reconfigurations-de-la-question-nordsud-en-coree/) ; enfin un livre collectif co-édité avec Koen de Ceuster et Alain Delissen De-bordering Korea. Tangible and Intangible Legacies of the Sunshine Policy (2013 Routledge). Ce projet, qui a réuni 10 personnes, dans 6 disciplines a d’abord été structuré par la transversalité : il ne s’est pas simplement agi de juxtaposer les cas d’études abordant les interfaces entendues comme tous les types de contacts pouvant exister les deux Corée. Trois grands types d’interfaces ont rapidement été identifiées : spatiales (les frontières et les hauts-lieux Kaesŏng, Kŭmgang), sociales (des groupes comme personnes venant du Nord habitant au Sud – au sens très large, migration récente ou plus anciennes) et enfin les interfaces symbolique (essentiellement les discours de l’une Corée sur l’autre).
Mais surtout, le projet a utilisé l’interface comme méthode de réflexion, en travaillant ce concept venu de de la biologie et des sciences informatiques et qui désigne un élément de liaison entre deux systèmes qui, sans cela, ne pourrait pas communiquer, plutôt qu’une notion comme celle de « frontière » déjà largement travaillée par les sciences sociales.
Or c’est justement grâce à cette indiscipline de l’approche par les interfaces, que mon approche géographique de la frontière a pu évoluer. Je conçois aujourd’hui la frontière coréenne comme une frontière épaisse (loin de se limiter à un simple trait sur une carte, elle crée de multiples frontières sociales, anthropologiques, culturelles à tous les niveaux des deux sociétés concernées dans les deux Corées), et en construction permanente, comme une zone de tectonique de plaques géopolitiques. Cette frontière est d’ailleurs un bon exemple d’une « méta-frontière » (Michel Foucher), c’est-à-dire une frontière qui dépasse temporellement et spatialement le territoire dans lequel elle s’inscrit au départ : elle s’exporte globalement dans le monde de la diaspora coréenne à la Corée. Méta-frontière connectée à une « méta-culture », cette frontière permet de reconsidérer la question nationale en Corée : n’est-on pas confronté à une nouvelle géométrie de la nation et ne faut-il pas, finalement, parler de « méta-nation » coréenne ?

Résumé de la communication de Yim Eunsil : La confrontation Nord/Sud au-delà de la péninsule : les Coréens du Kazakhstan

Depuis la fin des années 1980, les Coréens de l’ex-Union soviétique, qui ont été déportés de l’Extrême-Orient de la Russie en Asie centrale en 1937, sont devenus l’objet de luttes d’influence opposant les deux États coréens. Cependant, l’effacement relatif de la Corée du Nord par rapport à une présence ostentatoire de la Corée du Sud dans l’espace post-soviétique tend à accréditer l’hypothèse selon laquelle la confrontation Nord/Sud n’est plus d’actualité. La trop grande inégalité économique entre les deux États en faveur de la Corée du Sud rendrait caduque toute logique de concurrence qui prévalait jusqu’alors. En s’appuyant sur le croisement de différents résultats obtenus lors des enquêtes de terrain, menées essentiellement au Kazakhstan post-soviétique, cette présente communication se propose d’examiner le face-à-face des nord et sud-coréens – à travers l’exemple de la « guerre des langues » (1989-1991) – et les effets qu’il induit sur le processus de (re)construction de l’identité collective de cette diaspora coréenne.

 

« Compte rendu de l’atelier du 6 février 2015 : ‘Une « post-division » coréenne ? Regards croisés franco/sud-coréens sur la péninsule divisée’ »

Par Valérie Gelézeau (EHESS)

Cet atelier qui a duré toute une après-midi a été organisé à la Maison de l’Asie dans le cadre du séminaire pluridisciplinaire d’études coréennes du Centre de recherches sur la Corée de l’EHESS, en partenariat avec le groupe « Social Science Korea » (SSK) de l’université Dongguk, et avec le soutien du Réseau des études sur la Corée (Paris-Diderot, EHESS, INalCO). Il a réuni une douzaine de chercheurs venant principalement de France et de Corée du Sud et drainé un public d’une quarantaine de personnes (http://korea.hypotheses.org/8181).

L’atelier a présenté et confronté deux projets collectifs qui ont émergé en parallèle au milieu des années 2000 (et au départ sans liens entre eux) sur la question de la division coréenne. L’un français conduit au Centre de recherches sur la Corée de l’EHESS et intitulé « Les interfaces nord-sud dans la péninsule coréenne » (http://crc.ehess.fr/index.php?223) a mobilisé la notion géographique d’interfaces pour étudier, dans une perspective pluri-disciplinaire différents types de contacts entre les deux Corée (qu’ils soient matériels ou non), comme les frontières, mais aussi les échanges culturels, ou encore les discours des agences de presse ou du cinéma sur « l’autre Corée ». L’autre projet, sud-coréen, émane d’un groupe de recherches de l’Université Dongguk, qui tente de discuter la division de la péninsule à la lumière de la théorie de l’acteur-réseau (B. Latour). Il s’agit donc de deux projets de recherche collectifs, qui apparaissent comme des produits scientifiques de l’après-guerre froide, des réflexions sur la division coréenne qui ont émergé suite à la réunification allemande et l’effondrement du bloc soviétique, au tournant du XXIe siècle, et surtout de la période de rapprochement entre les deux Corées entre 1998 et 2008 (correspondant à la mise en œuvre de la Sunshine Policy – Haetpyŏt chŏngch’aek en Corée du Sud). Ces deux projets sont très comparables par la mise en œuvre d’une tentative de penser la division coréenne autrement que comme une donnée extérieure à la fois territoriale (partition des États) et politique (deux systèmes antagonistes et ennemis), ou comme une toile de fond des questions sociales, politiques et économiques – qui apparaît comme un problème à résoudre. Les deux projets montrent au contraire comment la division constitue une dynamique qui ne cesse de produire, à tous les niveaux, ses effets dans les deux sociétés nord- et sud-coréenne.

Deux panels successifs ont illustré les deux projets et les approches mises en oeuvre (voir ci-dessous le programme avec le titre des communications et les résumés de certaines d’entre elles).

Le premier panel, intitulé « Cadrages » et modéré par Shin Hyun Tak (Université Dongguk), a présenté trois communications générales. Les deux premières, de Valérie Gelézeau (EHESS) (Méta-culture/méta-nation coréenne. En finir de manière indisciplinée avec les interfaces) et de Park Sunsong (Université Dongguk) (« Système de division » de la Corée » et acteur(s)-réseau(x) de la (post-)division coréenne), ont présenté les deux projets, leur histoire, les concepts et la problématique, et les principaux résultats. La troisième communication, par Koen De Ceuster (Université de Leyde) (De-bordering Korea. Beyond the Sunshine Decade) présentait un commentaire d’une des principales productions du projet français (De-bordering Korea. Tangible and Intangible Legacies of the Sunshine Policy paru chez Routledge en 2013 – http://korea.hypotheses.org/4449).

Le deuxième panel, « Focus », modéré par Valérie Gelézeau, a présenté deux des nombreux cas d’études travaillés lors de ces deux projets. Kwak Jeongrae (Université nationale de Séoul), dans une communication intitulée « Evolution des moyens de communication en Corée du Nord » a notamment discuté un terrain systématique réalisé à la frontière sino-nord-coréenne, lui ayant permis de mesurer de manière particulièrement fine l’évolution de ces moyens et de revenir sur l’idée reçu de la Corée du Nord comme isolat hermétique. La deuxième communication, par Yim Eunsil (Université Paris-Diderot) (La confrontation Nord/Sud au-delà de la péninsule : les Coréens du Kazakhtsan) a exposé le cas particulier de la « guerre des langues » que les deux Corées se sont livrées au tournant des années 1990, par l’intermédiaire de diverses institutions, sur les communautés de Koryŏ saram (Coréens de l’ex-Union soviétique).

Suivis par un public nombreux, les deux panels ont été suivis d’un débat animé en trois langues (français, anglais et coréen), l’interprétation français/coréen des discussions ayant été assurée plus particulièrement par Koo Mo-duk (INalCO).

Résumé de la communication de Valérie Gelézeau : Méta-culture/méta-nation coréenne. En finir de manière indisciplinée avec les interfaces

Ce titre un peu impertinent permet d’introduire le projet collectif du Centre Corée (« Les interfaces Nord/Sud dans la péninsule coréenne »), suivi sur 10 ans et marqué par quelques jalons et productions collectives : d’abord un projet ANR, qui s’est clôturé par un colloque (2008), ensuite, un article écrit à 16 mains (réellement à 8 personnes !) paru dans la revue EspacesTemps.net en 2010 (http://www.espacestemps.net/articles/interfaces-et-reconfigurations-de-la-question-nordsud-en-coree/) ; enfin un livre collectif co-édité avec Koen de Ceuster et Alain Delissen De-bordering Korea. Tangible and Intangible Legacies of the Sunshine Policy (2013 Routledge). Ce projet, qui a réuni 10 personnes, dans 6 disciplines a d’abord été structuré par la transversalité : il ne s’est pas simplement agi de juxtaposer les cas d’études abordant les interfaces entendues comme tous les types de contacts pouvant exister les deux Corée. Trois grands types d’interfaces ont rapidement été identifiées : spatiales (les frontières et les hauts-lieux Kaesŏng, Kŭmgang), sociales (des groupes comme personnes venant du Nord habitant au Sud – au sens très large, migration récente ou plus anciennes) et enfin les interfaces symbolique (essentiellement les discours de l’une Corée sur l’autre).
Mais surtout, le projet a utilisé l’interface comme méthode de réflexion, en travaillant ce concept venu de de la biologie et des sciences informatiques et qui désigne un élément de liaison entre deux systèmes qui, sans cela, ne pourrait pas communiquer, plutôt qu’une notion comme celle de « frontière » déjà largement travaillée par les sciences sociales.
Or c’est justement grâce à cette indiscipline de l’approche par les interfaces, que mon approche géographique de la frontière a pu évoluer. Je conçois aujourd’hui la frontière coréenne comme une frontière épaisse (loin de se limiter à un simple trait sur une carte, elle crée de multiples frontières sociales, anthropologiques, culturelles à tous les niveaux des deux sociétés concernées dans les deux Corées), et en construction permanente, comme une zone de tectonique de plaques géopolitiques. Cette frontière est d’ailleurs un bon exemple d’une « méta-frontière » (Michel Foucher), c’est-à-dire une frontière qui dépasse temporellement et spatialement le territoire dans lequel elle s’inscrit au départ : elle s’exporte globalement dans le monde de la diaspora coréenne à la Corée. Méta-frontière connectée à une « méta-culture », cette frontière permet de reconsidérer la question nationale en Corée : n’est-on pas confronté à une nouvelle géométrie de la nation et ne faut-il pas, finalement, parler de « méta-nation » coréenne ?

Résumé de la communication de Yim Eunsil : La confrontation Nord/Sud au-delà de la péninsule : les Coréens du Kazakhstan

Depuis la fin des années 1980, les Coréens de l’ex-Union soviétique, qui ont été déportés de l’Extrême-Orient de la Russie en Asie centrale en 1937, sont devenus l’objet de luttes d’influence opposant les deux États coréens. Cependant, l’effacement relatif de la Corée du Nord par rapport à une présence ostentatoire de la Corée du Sud dans l’espace post-soviétique tend à accréditer l’hypothèse selon laquelle la confrontation Nord/Sud n’est plus d’actualité. La trop grande inégalité économique entre les deux États en faveur de la Corée du Sud rendrait caduque toute logique de concurrence qui prévalait jusqu’alors. En s’appuyant sur le croisement de différents résultats obtenus lors des enquêtes de terrain, menées essentiellement au Kazakhstan post-soviétique, cette présente communication se propose d’examiner le face-à-face des nord et sud-coréens – à travers l’exemple de la « guerre des langues » (1989-1991) – et les effets qu’il induit sur le processus de (re)construction de l’identité collective de cette diaspora coréenne.

 

Depuis son émergence en tant que puissance économique exportatrice, la Corée du Sud investit dans la création de relations diplomatiques avec l’Asie du Sud-Est. Cet investissement sud-coréen soulève un questionnement quant aux influences de ces relations diplomatiques dans les transformations économiques et culturelles observables dans les pays membres de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN). Cet article présente les trois sphères d’investissements de la Corée du Sud en Asie du Sud-Est : les relations diplomatiques Corée-ASEAN, son influence économique, et son influence culturelle.

 

L’influence de la Corée du Sud en Asie du Sud-Est
L’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), composée de pays en développement et d’une forte diversité culturelle, a connu une croissance difficile. L’ASEAN a été confrontée à des crises financières, des tensions économiques et politiques, et des problèmes de crédibilité à l’international [1]. C’est suite à la crise financière de 1997-1998 et à la création de relations de coopération avec les puissances asiatiques (Chine, Japon et la Corée du Sud) que l’ASEAN décide de renforcer sa coopération économique et politique et de s’intégrer au niveau mondial. À partir des années 2000, la Corée du Sud entreprend des initiatives d’échanges commerciaux avec l’Asie du Sud-Est. Le gouvernement sud-coréen tente de se positionner en tant que modèle de réussite économique et culturelle pour les pays en voie de développement [2].

Les relations diplomatiques 
En 2009, la Corée du Sud crée l’ASEAN-Korea Center à Seoul, dont l’objectif est de promouvoir les relations économiques et la coopération socio-culturelle entre elle et les pays de l’ASEAN. En mars 2009, en collaboration avec la Corée du Sud, cette dernière propose une structure économique entre la Birmanie, la Cambodge, le Laos, la Thaïlande et le Vietnam. Cette initiative concorde avec la stratégie coréenne (Nouvelle initiative asiatique) dont l’objectif est de développer les relations du pays au-delà des États-Unis, de l’Union européenne et de l’Asie du Nord-Est. Les relations diplomatiques entre la Corée du Sud et les pays de l’ASEAN visent notamment le développement d’un attrait envers la culture coréenne [3].

ASEAN-Korea Commemorative Summit à Busan. Crédits : The Korea Posthttp://koreapost.com/news/view.html?section=165&category=192&no=786

ASEAN-Korea Commemorative Summit à Busan. Crédits : The Korea Post http://koreapost.com/news/view.html?section=165&category=192&no=786

a) Le tourisme : L’un des objectifs de l’ASEAN-Korea Center est de promouvoir les échanges sociaux entre les citoyens de la Corée du Sud et des pays de l’ASEAN. En 2014, le nombre de visiteurs coréens dans la région de l’ASEAN était de 4,95 million, en faisant la destination la plus populaire pour les Coréens. Parallèlement, la Corée du Sud accueillait 1,8 million de visiteurs des pays de l’ASEAN, le troisième plus important nombre de touristes après la Chine et le Japon [4].

b) La langue coréenne : Avec le soutien financier de la Korean Foundation, la langue coréenne et le Hangeul se sont popularisés en Asie du Sud-Est. L’enseignement du coréen est offert dans les régions à travers des programmes de différents établissements d’enseignements supérieurs, comme l’University of Malaysia, la Gadjah Mada University en Indonésie, la Diliman University aux Philippines, la Yangon University of Foreign Language au Myanmar, etc.

c) La cuisine coréenne : En 2003-2004, le K-drama (série télévisée coréenne de type drama) Dae Jang Geum connaît un fort succès en Asie du Sud-Est et permet la promotion de la cuisine traditionnelle coréenne dans ces pays. Suite à la popularisation de ce drama, plusieurs restaurants coréens ont ouvert leurs portes en Asie du Sud-Est ; on parle notamment de plus de 130 nouveaux restaurants coréens en Thaïlande, dont 70 situés à Bangkok [5].

L’influence économique
En 2009, la Corée du Sud devient membre du Comité d’aide au développement de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) et passe au premier rang des donateurs. En 2010, l’ASEAN était la troisième destination des investissements sud-coréens et la deuxième partenaire économique du pays, représentant plus de 11% des échanges économiques avec la Corée du Sud [6]. En 2010, la Corée du Sud s’engage dans une politique active d’aide au développement coordonnée par le Korea International Cooperation Agency (KOICA). Le KOICA supporte divers projets de développement durable en Asie du Sud-Est, tel que le HRD Center project (7,45 millions $ américains) au Cambodge et le V-KIST etablishment support project (3,50 millions $) au Vietnam. Les quatre principaux pays d’investissement sont le Vietnam avec 27 millions $ (5,7% du budget total du KOICA), les Philippines 21,8 millions $ ou 4,6%), le Cambodge (21,7 millions $ ou 4,5%) et l’Indonésie (19,2 millions $ ou 4,0%) [7].

L’influence culturelle 
Le mouvement Hallyu joue un rôle majeur dans le processus de rapports sociaux entre les citoyens de l’ASEAN et les Coréens [8]. Ce mouvement culturel se définit comme une stratégie commerciale coréenne axée dans une optique de gagner de l’influence sur les marchés asiatiques et internationaux par une abondance des produits culturels et médiatiques coréens, à la fois diversifiés et attrayants. En Asie du Sud-Est, le mouvement Hallyu s’est d’abord popularisé par le cinéma coréen au Vietnam. Un projet en collaboration entre la Corée du Sud et le Vietnam prévoit la création de 198 écrans et de 24 complexes d’ici 2016 (Leveau, 2012). À partir de 2003, les dramas coréens sont diffusés aux Philippines et connaissent un succès immédiat. En 2006, les Philippines deviennent le quatrième principal importateur de séries sud-coréennes après le Japon, la Chine, et Taïwan. Au Vietnam, en 2000, la moitié des films et séries importées étaient d’origine sud-coréenne. Depuis 2005, les exportations de musique populaire coréenne (K-pop) ont augmenté en moyenne de 18,9% par année. En 2010, l’Asie du Sud-Est exporte pour 480 millions $ de produits culturels coréens, soit une croissance de 62,7% durant la période 2007-2010.

JYJ Concert 2014 au Vietnam. Crédits : Blog MyKpopHuntresshttp://mykpophuntress.com/2014/08/02/jyj-return-king-concert-vietnam/

JYJ Concert 2014 au Vietnam. Crédits : Blog MyKpopHuntress http://mykpophuntress.com/2014/08/02/jyj-return-king-concert-vietnam/

En conclusion, les relations diplomatiques entre la Corée du Sud et l’Asie du Sud-Est se reflètent sous la forme d’une nouvelle stratégie d’influence mise en place par le gouvernement sud-coréen. Considérant que la Corée du Sud se propose comme modèle de réussite économique et culturelle pour l’Asie du Sud-Est, il est pertinent d’analyser l’influence des relations diplomatiques entre la Corée du Sud et les pays d’Asie du Sud-Est et d’observer l’impact de la Corée du Sud sur le développement économique et culturel de l’Asie du Sud-Est.

Volume d’échanges entre la Corée du Sud et l’ASEAN, en 2014. Crédit : ASEAN-Korea Centrehttps://www.aseankorea.org/eng/page30/page33-1.asp

Volume d’échanges entre la Corée du Sud et l’ASEAN, en 2014. Crédit : ASEAN-Korea Centre https://www.aseankorea.org/eng/page30/page33-1.asp

Crédits (photo de couverture) : ASEAN Korea Centre https://www.aseankorea.org/eng/page30/page33-1.asp

[1] Teo Chu Cheow, Eric. 2003. « L’ASEAN, entre élargissement et marginalisation. »Politique étrangère, 68 (1) : 133-148.

[2] Leveau, Arnaud. 2011. « Le nouvel asiatisme coréen. » Gis Asie. En ligne.http://www.reseau-asie.com/article/archive-des-articles-du-mois/les-articles-du-mois-du-reseau-asie/nouvel-asiatisme-coreen-arnaud-leveau/ (Page consultée le 23 septembre 2015).

[3] ASEAN-Korea Centre. 2015. « ASEAN-Korea relations. » En ligne.https://www.aseankorea.org/eng/page30/page33-1.asp (Page consultée le 23 septembre 2015).

[4Ibid.

[5] Leveau, Arnaud. 2011. « L’essor du tigre : les ambitions sud-coréennes en Asie du Sud-Est. L’Asie du Sud-Est. » En ligne.http://www.academia.edu/616218/Lessor_du_tigre_Les_ambitions_sud-cor%C3%A9ennes_en_Asie_du_Sud-Est_The_Surge_of_the_Tiger_The_South_Korean_Ambitions_in_Southeast_Asia(Page consultée le 23 septembre 2015).

[6Voir [2]

[7] KOICA. 2015. Korean International cooperation agency : About KOICA. » En ligne.http://koica.go.kr/ (Page consultée le 23 septembre 2015).

[8Voir [2]

Elsa Brais-Dussault
Diplômée d’une d’une maîtrise en Communication internationale et interculturelle à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), Elsa Brais-Dussault s’intéresse à la croissance économique et culturelle des industries culturelles et médiatiques sud-coréennes (ICM), ainsi qu’à l’influence de la Corée du Sud en l’Asie du Sud-Est

 

Source : L’Asie en 1000 mots

 

Depuis son émergence en tant que puissance économique exportatrice, la Corée du Sud investit dans la création de relations diplomatiques avec l’Asie du Sud-Est. Cet investissement sud-coréen soulève un questionnement quant aux influences de ces relations diplomatiques dans les transformations économiques et culturelles observables dans les pays membres de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN). Cet article présente les trois sphères d’investissements de la Corée du Sud en Asie du Sud-Est : les relations diplomatiques Corée-ASEAN, son influence économique, et son influence culturelle.

 

L’influence de la Corée du Sud en Asie du Sud-Est
L’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), composée de pays en développement et d’une forte diversité culturelle, a connu une croissance difficile. L’ASEAN a été confrontée à des crises financières, des tensions économiques et politiques, et des problèmes de crédibilité à l’international [1]. C’est suite à la crise financière de 1997-1998 et à la création de relations de coopération avec les puissances asiatiques (Chine, Japon et la Corée du Sud) que l’ASEAN décide de renforcer sa coopération économique et politique et de s’intégrer au niveau mondial. À partir des années 2000, la Corée du Sud entreprend des initiatives d’échanges commerciaux avec l’Asie du Sud-Est. Le gouvernement sud-coréen tente de se positionner en tant que modèle de réussite économique et culturelle pour les pays en voie de développement [2].

Les relations diplomatiques 
En 2009, la Corée du Sud crée l’ASEAN-Korea Center à Seoul, dont l’objectif est de promouvoir les relations économiques et la coopération socio-culturelle entre elle et les pays de l’ASEAN. En mars 2009, en collaboration avec la Corée du Sud, cette dernière propose une structure économique entre la Birmanie, la Cambodge, le Laos, la Thaïlande et le Vietnam. Cette initiative concorde avec la stratégie coréenne (Nouvelle initiative asiatique) dont l’objectif est de développer les relations du pays au-delà des États-Unis, de l’Union européenne et de l’Asie du Nord-Est. Les relations diplomatiques entre la Corée du Sud et les pays de l’ASEAN visent notamment le développement d’un attrait envers la culture coréenne [3].

ASEAN-Korea Commemorative Summit à Busan. Crédits : The Korea Posthttp://koreapost.com/news/view.html?section=165&category=192&no=786

ASEAN-Korea Commemorative Summit à Busan. Crédits : The Korea Post http://koreapost.com/news/view.html?section=165&category=192&no=786

a) Le tourisme : L’un des objectifs de l’ASEAN-Korea Center est de promouvoir les échanges sociaux entre les citoyens de la Corée du Sud et des pays de l’ASEAN. En 2014, le nombre de visiteurs coréens dans la région de l’ASEAN était de 4,95 million, en faisant la destination la plus populaire pour les Coréens. Parallèlement, la Corée du Sud accueillait 1,8 million de visiteurs des pays de l’ASEAN, le troisième plus important nombre de touristes après la Chine et le Japon [4].

b) La langue coréenne : Avec le soutien financier de la Korean Foundation, la langue coréenne et le Hangeul se sont popularisés en Asie du Sud-Est. L’enseignement du coréen est offert dans les régions à travers des programmes de différents établissements d’enseignements supérieurs, comme l’University of Malaysia, la Gadjah Mada University en Indonésie, la Diliman University aux Philippines, la Yangon University of Foreign Language au Myanmar, etc.

c) La cuisine coréenne : En 2003-2004, le K-drama (série télévisée coréenne de type drama) Dae Jang Geum connaît un fort succès en Asie du Sud-Est et permet la promotion de la cuisine traditionnelle coréenne dans ces pays. Suite à la popularisation de ce drama, plusieurs restaurants coréens ont ouvert leurs portes en Asie du Sud-Est ; on parle notamment de plus de 130 nouveaux restaurants coréens en Thaïlande, dont 70 situés à Bangkok [5].

L’influence économique
En 2009, la Corée du Sud devient membre du Comité d’aide au développement de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) et passe au premier rang des donateurs. En 2010, l’ASEAN était la troisième destination des investissements sud-coréens et la deuxième partenaire économique du pays, représentant plus de 11% des échanges économiques avec la Corée du Sud [6]. En 2010, la Corée du Sud s’engage dans une politique active d’aide au développement coordonnée par le Korea International Cooperation Agency (KOICA). Le KOICA supporte divers projets de développement durable en Asie du Sud-Est, tel que le HRD Center project (7,45 millions $ américains) au Cambodge et le V-KIST etablishment support project (3,50 millions $) au Vietnam. Les quatre principaux pays d’investissement sont le Vietnam avec 27 millions $ (5,7% du budget total du KOICA), les Philippines 21,8 millions $ ou 4,6%), le Cambodge (21,7 millions $ ou 4,5%) et l’Indonésie (19,2 millions $ ou 4,0%) [7].

L’influence culturelle 
Le mouvement Hallyu joue un rôle majeur dans le processus de rapports sociaux entre les citoyens de l’ASEAN et les Coréens [8]. Ce mouvement culturel se définit comme une stratégie commerciale coréenne axée dans une optique de gagner de l’influence sur les marchés asiatiques et internationaux par une abondance des produits culturels et médiatiques coréens, à la fois diversifiés et attrayants. En Asie du Sud-Est, le mouvement Hallyu s’est d’abord popularisé par le cinéma coréen au Vietnam. Un projet en collaboration entre la Corée du Sud et le Vietnam prévoit la création de 198 écrans et de 24 complexes d’ici 2016 (Leveau, 2012). À partir de 2003, les dramas coréens sont diffusés aux Philippines et connaissent un succès immédiat. En 2006, les Philippines deviennent le quatrième principal importateur de séries sud-coréennes après le Japon, la Chine, et Taïwan. Au Vietnam, en 2000, la moitié des films et séries importées étaient d’origine sud-coréenne. Depuis 2005, les exportations de musique populaire coréenne (K-pop) ont augmenté en moyenne de 18,9% par année. En 2010, l’Asie du Sud-Est exporte pour 480 millions $ de produits culturels coréens, soit une croissance de 62,7% durant la période 2007-2010.

JYJ Concert 2014 au Vietnam. Crédits : Blog MyKpopHuntresshttp://mykpophuntress.com/2014/08/02/jyj-return-king-concert-vietnam/

JYJ Concert 2014 au Vietnam. Crédits : Blog MyKpopHuntress http://mykpophuntress.com/2014/08/02/jyj-return-king-concert-vietnam/

En conclusion, les relations diplomatiques entre la Corée du Sud et l’Asie du Sud-Est se reflètent sous la forme d’une nouvelle stratégie d’influence mise en place par le gouvernement sud-coréen. Considérant que la Corée du Sud se propose comme modèle de réussite économique et culturelle pour l’Asie du Sud-Est, il est pertinent d’analyser l’influence des relations diplomatiques entre la Corée du Sud et les pays d’Asie du Sud-Est et d’observer l’impact de la Corée du Sud sur le développement économique et culturel de l’Asie du Sud-Est.

Volume d’échanges entre la Corée du Sud et l’ASEAN, en 2014. Crédit : ASEAN-Korea Centrehttps://www.aseankorea.org/eng/page30/page33-1.asp

Volume d’échanges entre la Corée du Sud et l’ASEAN, en 2014. Crédit : ASEAN-Korea Centre https://www.aseankorea.org/eng/page30/page33-1.asp

Crédits (photo de couverture) : ASEAN Korea Centre https://www.aseankorea.org/eng/page30/page33-1.asp

[1] Teo Chu Cheow, Eric. 2003. « L’ASEAN, entre élargissement et marginalisation. »Politique étrangère, 68 (1) : 133-148.

[2] Leveau, Arnaud. 2011. « Le nouvel asiatisme coréen. » Gis Asie. En ligne.http://www.reseau-asie.com/article/archive-des-articles-du-mois/les-articles-du-mois-du-reseau-asie/nouvel-asiatisme-coreen-arnaud-leveau/ (Page consultée le 23 septembre 2015).

[3] ASEAN-Korea Centre. 2015. « ASEAN-Korea relations. » En ligne.https://www.aseankorea.org/eng/page30/page33-1.asp (Page consultée le 23 septembre 2015).

[4Ibid.

[5] Leveau, Arnaud. 2011. « L’essor du tigre : les ambitions sud-coréennes en Asie du Sud-Est. L’Asie du Sud-Est. » En ligne.http://www.academia.edu/616218/Lessor_du_tigre_Les_ambitions_sud-cor%C3%A9ennes_en_Asie_du_Sud-Est_The_Surge_of_the_Tiger_The_South_Korean_Ambitions_in_Southeast_Asia(Page consultée le 23 septembre 2015).

[6Voir [2]

[7] KOICA. 2015. Korean International cooperation agency : About KOICA. » En ligne.http://koica.go.kr/ (Page consultée le 23 septembre 2015).

[8Voir [2]

Elsa Brais-Dussault
Diplômée d’une d’une maîtrise en Communication internationale et interculturelle à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), Elsa Brais-Dussault s’intéresse à la croissance économique et culturelle des industries culturelles et médiatiques sud-coréennes (ICM), ainsi qu’à l’influence de la Corée du Sud en l’Asie du Sud-Est

 

Source : L’Asie en 1000 mots

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Article de Jean Raphaël Chaponnière, “Stratégie coréenne dans l’Asean : éviter le Japon”

in IRASEC L’Asie du Sud-Est 2015, Bilan, enjeux et perspectives

 

Dirigé par Abigaël Pesses & François Robinne

Les Indes Savantes, 2015

Pages

Academy of Korean studies Inalco Université Paris Diderot-Paris 7 EHESS