Compte-rendu de terrain de Clément PITORRE en Corée du Sud. Soutenu par la bourse RESCOR 2016

Compte-rendu de terrain de Clément PITORRE en Corée du Sud. Soutenu par la bourse RESCOR 2016

Actuellement étudiant en première année de Master de la mention AMO (Asie Méridionale et Orientale) à l’EHESS sous la direction de M. Alain DELISSEN, mon sujet de recherche porte sur les rééditions, réécritures et remaniements du Sŏyugyŏnmun (« Observations d’un voyage en Occident ») rédigé par YU Kil-Chun en 1887 et publié pour la première fois en 1895. Dans une perspective historique, me plaçant dans une méthode « d’histoire du livre », je me propose d’étudier les différentes éditions du Sŏyugyŏnmun. A travers les évolutions du texte, de la « mise en livre », pour reprendre une expression de Roger CHARTIER1, et de l’étude du paratexte – titres des pages, frontispice, préface, appendices, notes de bas de pages, illustrations etc. –, j’envisage de dresser un bilan de la vie de ce livre afin de comprendre la place de cet ouvrage dans la société coréenne et de voir comment les différents changements, d’éditions en éditions, ont pu influencer la compréhension de l’œuvre et la lecture du texte. Afin de mener à bien cette étude, j’ai dû faire un terrain en Corée du Sud et notamment à Séoul pour consulter à la Bibliothèque nationale de Corée (Kungnip chungang tosŏgwan) toutes les rééditions du livre afin de répertorier les sources disponibles et avoir un accès complet, rapide et efficace à l’ensemble de ces rééditions. La bourse du RESCOR d’une valeur de 1000€ m’a permis de financer ce terrain, sans quoi, je n’aurais pas pu partir. En plus du prix du billet d’avion et des moyens de transport une fois sur place, cela a aussi aidé à financer une partie des frais d’hébergement.

Sur le parvis de la Bibliothèque nationale de Corée©Clément PITORRE

Edition Pagyŏngsa (1976) du Sŏyugyŏnmun. ©Clément PITORRE

J’ai donc passé, grâce à la bourse RESCOR, plus d’un mois en Corée du Sud pour mener à bien mes recherches. Logé à Séoul, j’ai pu pendant ce temps accéder à la Bibliothèque nationale de Corée, où j’ai consulté toutes les éditions comme je l’avais prévu. Le nombre de documents que l’on peut demander par jour étant limités et au vu de la quantité qu’il y avait à consulter, j’ai passé mes semaines à les étudier et à les scanner afin de pouvoir traduire chez moi par la suite les parties nécessaires – en particulier les préfaces et postfaces de chaque édition. De plus, toutes les éditions pour enfants ne se trouvaient pas à la Bibliothèque nationale de Corée dans l’arrondissement de Seocho mais à la Bibliothèque nationale pour enfants et jeunes adultes (Kungnip ŏrini ch’ŏngsonyŏn tosŏgwan) qui se situe dans l’arrondissement de Gangnam. Les deux bibliothèques étant tout de même affiliées, une seule inscription suffit pour y avoir accès. Enfin, j’ai aussi pu me rendre au Centre d’information sur la Corée du Nord (Pukhan charyo sent’ŏ) qui se trouve dans les locaux de la Bibliothèque nationale de Corée. J’ai alors cherché des traces du Sŏyugyŏnmun dans la société nord-coréenne. Bien qu’une édition n’ait pu être trouvée, la découverte de deux articles nord-coréens qui abordaient la question du Sŏyugyŏnmun et le citaient, laisse supposer l’existence d’au moins une (ré)édition au Nord. Mais à moins d’un nouveau terrain en République populaire démocratique de Corée, la question nord-coréenne restera à l’état d’hypothèse et d’ouverture pour des recherches futures.

Edition Taeyangsŏchŏk (1983) du Sŏyugyŏnmun. ©Clément Pitorre

Le temps passé à consulter les différentes rééditions ne m’a malheureusement pas permis de mener à bien les entretiens que je souhaitais effectuer au départ, en particulier pour préserver la faisabilité de mon sujet. N’ayant eu ni les moyens ni l’occasion de le faire, et au vu de la masse d’informations contenues dans les sources déjà consultées, une redéfinition de mon sujet s’est imposée. L’importance portée à l’étude des versions pour enfant, qui restent néanmoins présentes dans l’étude globale du sujet, a été réduite afin de se concentrer, dans leurs formes et leurs contenus, aux versions allant de 1969, date de la première réédition, à 2004, date de la dernière réédition, en plus de la version originale. Depuis la fin de mon terrain, je me suis lancé dans la traduction des différentes sources collectées. Leurs analyses permettront de dégager un plan pour la rédaction du mémoire. Au vu des premières analyses de ces sources, il semblerait que pour compléter le propos, il y ait une nécessité d’étudier, en plus du paratexte, un ou deux chapitres du livre et de voir leurs évolutions, d’éditions en éditions. Je n’exclus alors pas de devoir faire de nouveau un terrain dans le courant de l’année (mars, avril).

Clément PITORRE
Master 2 – Mention Asie Méridionale et Orientale (AMO) – Ecole de Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)

Boursier du RESCOR 2016

 

Cet article se trouve aussi dans les Ressources numériques de notre site
  1. CHARTIER Roger, « Du livre au livre », Réseaux, volume 6, n°31, 1988, pp. 58 et 59.
Academy of Korean studies Inalco Université Paris Diderot-Paris 7 EHESS