Atelier du RESCOR – 13 et 14 septembre 2018. Synthèse de la table ronde « Humanités numériques et matériaux pédagogiques »

Atelier du RESCOR – 13 et 14 septembre 2018. Synthèse de la table ronde « Humanités numériques et matériaux pédagogiques »

Cette table ronde a été animée par Pierre-Emmanuel Roux (Université Paris Diderot) qui a introduit brièvement la nécessité des humanités numériques dans le milieu universitaire et a souligné l’avance de la Corée dans ce domaine comparée à la France. Cette table ronde était donc l’occasion de faire le point sur ce sujet et d’envisager des pistes de développement, notamment avec le RESCOR. Pierre-Emmanuel Roux a rappelé que le RESCOR a cherché à développer les humanités numériques avec une base de données et des traductions sur son site, mais qu’il restait des choses à faire pour l’améliorer. Une des premières questions posées dès l’introduction était : où s’arrête le matériau pédagogique et où commence le matériau de recherche ? Par exemple, quand un document est mis en ligne pour les étudiants, peut-il également servir également de matériau de recherche ?

Pierre-Emmanuel Roux (UPD), Carré-Na Eun-joo (EHESS), Samuel Guex (Université de Genève), Lee Eunryoung (Université nationale de Pusan), Arnaud Nanta (CNRS – IAO Lyon). ©Le Réseau des Études sur la Corée

Le premier intervenant Arnaud Nanta (CNRS – IAO Lyon) a tout d’abord présenté les études coréennes à Lyon. Il a poursuivi son intervention en précisant que les humanités numériques en Corée étaient plus développées que chez son voisin japonais. Toutefois, l’accès aux ressources numériques en Corée peut constituer un problème. Il n’est possible qu’à travers un contrat établit avec des établissements, l’accès à domicile reste donc restreint, voire impossible. Se pose également la question de la mise à disposition des documents pour les étudiants. Pour finir, Arnaud Nanta a mentionné deux projets importants à l’IAO, hors des études coréennes : le Projet Virtual Saigon qui permet l’accès à des données et des cartes pour le cas de l’Indochine, ainsi que le Projet Virtual Shanghai qui offre un accès à une de base de données sur Shanghai, en lien avec un projet sur les traités inégaux. Il y a donc des projets d’humanités numériques concernant des pays de l’Asie orientale, mais on note un retard en France à ce sujet dans les études coréennes.

Samuel Guex (Université de Genève) a souligné le fait qu’il existe divers projets d’humanités numériques en Suisse mais globalement éloignés de l’Asie. Il a cité l’exemple de la numérisation de 150 000 documents des collections de la Fondation Bodmer, certains en chinois et en japonais, mais uniquement un seul pour la Corée (un traité de médecine). D’un point de vue pédagogique, les universités suisses sont fortement incitées à développer des MOOCs, elles utilisent également un système d’e-learning via Skype intégré aux cours de langue en études chinoises ainsi que la plateforme Moodle. L’Université de Genève va également ouvrir prochainement une chaire d’humanités numériques et souhaite développer des cursus en informatique pour les sciences humaines.

Samuel Guex (Université de Genève). ©Le Réseau des Études sur la Corée

La table ronde a continué avec deux exemples d’utilisation de ressources numériques :

Lee Eunryoung (Université nationale de Pusan) a tout d’abord abordé son projet de dictionnaire électronique, pour lequel une compilation en ligne des dictionnaires anciens écrits par les premiers missionnaires au tournant des 19e et 20e siècle a été réalisée, comme le dictionnaire coréen-français de la Société des Missions Etrangères de Paris ou le dictionnaire coréen-anglais de Gale (http://corpus.pusan.ac.kr/dicSearch/). Le but est de numériser avec une grande qualité des manuscrits ainsi que d’effectuer un travail sur la structure des bases de données pour que les documents soient facilement lisibles et exploitables par des machines. La création de ces dictionnaires « intelligents » permet d’établir un corpus historique de traduction coréen-français mais aussi des matériaux pédagogiques autour de ces données.

Lee Eunryoung (Université nationale de Pusan). ©Le Réseau des Études sur la Corée

Le deuxième exemple de projet est celui de Carré-Na Eun-joo (CRC, EHESS) et Pierre-Emmanuel Roux (UPD) : le Répertoire Historique de l’Administration Coréenne de Maurice Courant rédigé en format PDF (disponible sur HAL) et mis en ligne (http://maurice-courant.huma-num.fr/repertoire/presentation.html). Ce projet contient trois numérisations  différentes: 1) Une saisie manuelle faite par Pierre-Emmanuel Roux (impossible de recourir ici à l’OCR – Reconnaissance Optique des Caractères), aussi appelée édition numérique, afin de pouvoir effectuer des recherches dans le texte ; 2) Une numérisation du document original par le Collège de France dans un but de conservation ; 3) La version consultable en ligne (http://maurice-courant.huma-num.fr/repertoire/index.html) qui est le résultat du travail de Carré-Na Eun-Joo. Cette version est une édition critique, puisque des commentaires ont été ajoutés au texte et des catégories ont été introduites (noms, lieux, fonctions administratives…) afin d’exploiter plus facilement le contenu et de le rendre plus visible dans les moteurs de recherche. 

Carré-Na Eun-joo (EHESS). ©Le Réseau des Études sur la Corée

Carl Young (Université de Western Ontario), absent, mais dont l’intervention a été transmise au modérateur de la TR, a ensuite tenu à faire les remarques suivantes sur les humanités numériques et le site du RESCOR : il s’interroge sur la pérennité des données sur les sites et plateformes web. Il suggère également de créer des liens plus forts entre les sites des bibliothèques coréennes des différentes institutions francophones et le site du RESCOR. Ce dernier pourrait aussi être amélioré en étant plus ergonomique (exemple du site Wartime Canada : https://wartimecanada.ca/) et plus accessible (pertinence de l’accès réservé et de l’inscription au site ?). Enfin, il propose de faire travailler les étudiants à la correction des informations erronées concernant la Corée sur Wikipédia.

Plusieurs invités dans la salle ont fait part de leur expérience de recherche avec les humanités numériques (notamment un accès facilité à l’historiographie officielle coréenne à travers plusieurs sites) et de la manière dont ils utilisent le numérique dans leurs cours. Afin de faciliter l’accès des étudiants aux sources anciennes, il a notamment été suggéré d’y intégrer des dictionnaires. Les invités ont également proposé d’améliorer les possibilités de recherches et l’océrisation des documents sur le site du RESCOR, de créer des analyseurs syntaxiques en collaboration avec la Corée et, enfin, d’impliquer les étudiants dans la création de matériaux pédagogiques, la traduction de textes historiques ou encore le développement de dictionnaires.

L’équipe du RESCOR en collaboration avec Gulsen Kilci (membre du comité d’organisation de l’Atelier)

Academy of Korean studies Inalco Université Paris Diderot-Paris 7 EHESS