Appel à contributions : Curiosité et géographie en Orient et en Occident (XVIème – XVIIIème siècles)

Appel à contributions : Curiosité et géographie en Orient et en Occident (XVIème – XVIIIème siècles)

Journées d’étude, 29-30 mars 2013


Organisation :
PRISMES/Épistémè (EA 4398, Sorbonne Nouvelle – Paris 3)
LARCA (EA 4214, Paris Diderot – Paris 7)
CRCAO (UMR 8155, Paris Diderot – Paris 7)


Ces deux journées d’étude s’intéressent à un moment historique où une culture de curiosité mutuelle se met en place entre l’Europe et l’Asie, sous l’impulsion des grands voyages qui multiplient les opportunités d’échanges de biens et de savoirs. C’est aussi l’époque où sont établis les comptoirs européens en Orient et où se développe l’activité des missionnaires chrétiens en Asie, facteurs décisifs dans les échanges entre Est et Ouest.
En Europe, cette culture de la curiosité est au premier chef médiée par les cabinets et les collections éclectiques, parfois à l’origine de musées et de bibliothèques spécialisées, comme le montre l’exemple du cabinet du naturaliste John Tradescant, qui allait devenir le fonds du futur Ashmolean Museum d’Oxford. Qualifiés de ‘rares’, de ‘singuliers’ ou de ‘choisis’, les mirabilia et les exotica qui composent de telles collections réifient le savoir en donnant aux objets qu’elles exposent une valeur marchande et en les transformant en instruments de prestige intellectuel et social pour une élite auto-proclamée de virtuosi. Celle-ci regarde au-delà de sa propre sphère sociale, intellectuelle et géographique en collectant, classant et interprétant les objets dans une démarche idiosyncratique et ostentatoire. À la fois sujet et objet du phénomène, le ‘curieux’ s’adonne ainsi à une activité définitoire de sa propre identité dans son rapport à l’altérité lointaine de sa collection et au public proche de privilégiés à qui il permet de l’admirer.
Parcellaire et hétéroclite, la culture de la curiosité européenne s’accompagne aussi d’un discours caractéristique, qu’on voit par exemple à l’œuvre dans des récits de voyage qui ne s’organisent pas sous forme de narration, mais prennent la forme de catalogues et d’inventaires de curiosités rencontrées pendant le voyage et classés selon une sensibilité personnelle, à la manière d’objets dans un cabinet de merveilles.
Au même moment en Asie, les contacts amorcés avec des contrées lointaines et leurs habitants suscitent très souvent un étonnement et une curiosité qui se manifestent par des représentations artistiques et un engouement pour certains objets emblématiques. Au Japon, les nanban byôbu (les paravents représentant des sujets occidentaux) en sont un exemple, comme l’est aussi le succès des lunettes et des horloges. Cette culture de la curiosité accompagne et encourage parfois une approche plus savante de la civilisation occidentale, reposant sur la traduction de livres de science et l’utilisation d’instruments de précision.
C’est à ce moment de la culture de la curiosité, telle qu’elle est popularisée par les collections, les traductions, les récits de voyage, les catalogues de merveilles lointaines, etc. que nous nous intéressons, avant que la curiosité n’en vienne à prendre une connotation péjorative en Occident (avec la montée de l’encyclopédisme au XVIIIème siècle, l’institutionnalisation progressive de l’orientalisme et une normalisation des goûts qui valorise le ‘connaisseur’ plutôt que le ‘curieux’), et que l’hostilité et le rejet vis-à-vis de l’Occidental ne la remplacent dans la plupart des pays d’Asie.
Nous accueillons les propositions de communications tant sur les aspects épistémologiques et discursifs de la curiosité géographique pendant cette période que sur ses manifestations culturelles et matérielles en Europe et en Asie. Les résumés de 250 mots, accompagnés d’une brève notice bio/bibliographique sont à envoyer avant le 15 décembre 2012 aux organisatrices suivantes :
-Line Cottegnies (PRISMES/Epistémè, Sorbonne Nouvelle – Paris 3) : line.cottegnies@free.fr -Annick Horiuchi (CRCAO, Paris Diderot – Paris 7) : horiuchi@univ-paris-diderot.fr -Ladan Niayesh (LARCA, Paris Diderot – Paris 7) : niayesh@univ-paris-diderot.fr 

URL permanente:
Academy of Korean studies Inalco Université Paris Diderot-Paris 7 EHESS