Table ronde

Compte-rendu de la table ronde à la mémoire de JaHyun Kim Haboush

Compte-rendu de la table ronde à la mémoire de JaHyun Kim Haboush

 

La table ronde organisée le 23 mars 2012 à Paris par le Centre de Recherches sur la Corée à la mémoire de JaHyun Kim Haboush (1941-2010), titulaire de la chaire « King Sejong » à l’université Columbia à New York, a réuni des anciens collègues qui ont évoqué sa vie et quelques souvenirs personnels. Une table ronde qui n’était pas, déclara Alain Delissen (EHESS) en préambule, une journée académique destinée à dresser le bilan scientifique d’une œuvre.

Etaient présents : Boudewijn Walraven de l’université de Leiden, Martina Deuchler de la SOAS, ou encore Daniel Bouchez du CNRS, qui ont rappelé la contribution majeure de JaHyun Kim Haboush à l’étude de l’histoire sociale de la période Chosŏn (1392-1910), notamment la période charnière des XVIe et XVIIe siècles. Ils ont rappelé qu’elle était en train de préparer un ouvrage sur les invasions japonaises et mandchoues de la fin du XVIe siècle. Le manuscrit inachevé est actuellement repris par deux collègues américains en vue de publication.

Dans une présentation «  De l’espace et des paysages aux corps mémoriels », Valérie Gelézeau (EHESS) a évoqué deux textes de Mme Kim Haboush tirés d’une série de quatre conférences sur ces invasions données au Centre Corée en 2008.[1] Ils soulignent combien la spatialité des corps liée au genre, surtout du corps féminin, fonctionne comme une métaphore de l’espace national. Les corps dégradés symbolisent le corps politique et la nation détruite.

Isabelle Sancho (CNRS-EHESS), sinologue de formation comme la défunte, a regretté son « rendez-vous manqué » avec JaHyun Kim Haboush, avec qui elle avait, durant son séjour à Harvard, espéré travailler. Mme Kim Haboush, dit-elle, a permis de remettre en cause bien des idées toutes faites sur l’histoire de la période Chosŏn, en particulier sur le confucianisme et la question du genre. Historienne, elle avait aussi le souci constant de théoriser et de marier des sources et des concepts tirés de divers champs disciplinaires des sciences sociales qu’elle présentait dans une belle langue anglaise.

Kim Daeyeol (INALCO) présente l’ouvrage, The Confucian Kingship in Korea (2001), dont il souligne, lui aussi, la qualité d’écriture. Mme Kim Haboush articule avec talent vie privée et vie publique, en évoquant, non pas la monarchie comme telle, mais un homme, un monarque, le Roi-sage, Yŏngjo (1694-1776), qui eut à faire face à la disparition tragique de son fils.

Dans « Les questions de genre », Florence Galmiche (EHESS) évoque l’importance accordée par les travaux de JaHyun Kim Haboush à la question des émotions et à leurs différentes places et statuts dans la société du Chŏson (notamment quand elles présentent un écart avec les normes). Elle souligne l’influence que peuvent exercer la démarche et les angles d’approches de JaHyun Kim Haboush pour les recherches en anthropologie portant sur la Corée contemporaine.

Ont été évoqués ensuite, dans la dernière partie de la journée, des souvenirs plus personnels : son goût pour le p’ansori, son intérêt pour la céramique, coréenne et vietnamienne, ou encore ses goûts littéraires. Martina Deuchler a rappelé trente années d’amitié et de collaboration depuis 1981, lors de la première conférence en études coréennes, et leurs débats sur le confucianisme et la condition des femmes. JaHyun Kim Haboush avait, selon elle, une vision ambivalente du confucianisme et s’intéressait principalement à la culture des élites urbaines. Elle était très intéressée par le discours de la Nation qui avait émergé en Corée lors de cette crise à la jonction du XVIe et XVIIe siècle. Boudewijn Walraven a rappelé que JaHyun Kim Haboush fut parmi les premiers à établir des ponts entre les chercheurs coréens et occidentaux dès 1981. Il a annoncé qu’un projet de traduction avec Kenneth Robinson et l’université Columbia était en cours.

Des pistes de recherche future ont été proposées, telle qu’une « étude sur l’histoire culturelle des larmes et des pleurs », suggérée par Alain Delissen. La table-ronde s’est achevée par des questions de l’auditoire sur l’idée de Nation, ou encore sur le mouvement sirhak, et par un pot de clôture.

Vous pouvez trouver ici le programme de la table ronde.


[1] « Dead bodies in the postwar discourse of identity in 17th Korea », Journal of Asian Studies, May 2003, vol. 62, pp. 415-422; “Dreamland. Korean Dreamscapes as an Alternative Confucian Space”, in Helwig Schmidt-Glintzer (ed.), Das andere China. Wiesbaden: Harrassowitz Verlag, pp. 659-670.

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Academy of Korean studies Inalco Université Paris Diderot-Paris 7 EHESS