Appel à contributions

Appel à communications : Anthropisation, humanisation, hominisation

Appel à communications

Pour l’année 2016-2017 (novembre-juin), le séminaire de l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales, Paris) « Mésologiques » aura pour thème La genèse des milieux humains : anthropisation, humanisation, hominisation. Cet intitulé fait allusion à la thèse mise en avant par André Leroi-Gourhan, dans Le Geste et la parole (1964), au sujet de l’émergence de notre espèce, Homo sapiens. Par « anthropisation », entendons la transformation physique de l’environnement terrestre sous l’effet des systèmes techniques de l’humanité ; par « humanisation », sa transformation sémantique sous l’effet de nos systèmes symboliques ; et par « hominisation », l’effet en retour de ces transformations sur celle de l’animal en humain.

Sans l’invoquer, cette thèse était l’illustration même du propos de la mésologie contemporaine, telle que l’ont fondée l’Umweltlehre d’Uexküll et le fûdoron 風土論 de Watsuji ; à savoir le couplage dynamique de tout être vivant (Uexküll), humain en particulier (Watsuji), avec le milieu singulier (Umwelt, fûdo 風土) qui lui est propre en tant que sujet, et qui ne doit donc pas être confondu avec l’environnement universel (Umgebung, kankyô 環境) que, de son point de vue transcendantal (le « regard de nulle part »), considère la science moderne – en l’occurrence l’écologie, qui est une science de l’environnement et non, comme la mésologie, une science des milieux, autrement dit une éco-phénoménologie et une bioherméneutique. L’objet central de la mésologie n’est pas l’environnement, c’est le couplage dynamique de l’être et de son milieu propre – cela qu’Uexküll a nommé le « contre-assemblage » (Gegengefüge) de l’animal et de son milieu, et Watsuji la « médiance » (fûdosei 風土性), qu’il a définie comme « le moment structurel de l’existence humaine » (ningen sonzai no kôzô keiki 人間存在の構造契機).

C’est ce couplage dynamique, dans ses effets et ses effets en retour, qu’il s’agit ici de saisir. Si l’on peut considérer l’anthropocène comme un effet d’anthropisation, alors il faut donc s’interroger aussi sur les contre-effets de l’anthropocène sur l’être humain et ses systèmes symboliques ; et réciproquement, dans la triple interaction susdite : anthropisation, humanisation, hominisation, tant d’un point de vue rétrospectif (l’évolution, l’histoire) qu’actuel et prospectif (l’état et l’avenir de nos sociétés sur la Terre).

Références de base :
– Jakob von UEXKÜLL, Milieu animal et milieu humain, Paris, Payot et Rivage, 2010 (Streifzüge durch die Umwelten von Tieren und Menschen, 1934)
– WATSUJI Tetsurô 和辻哲郎, Fûdo, le milieu humain, Paris, CNRS, 2011 (Fûdo. Ningengakuteki kôsatsu風土. 人間学的考察, 1935).
– André LEROI-GOURHAN, Le Geste et la parole, Paris, Albin Michel, 1964, 2 vol.
– Augustin BERQUE, Poétique de la Terre. Histoire naturelle et histoire humaine, essai de mésologie, Paris, Belin, 2014.

Les propositions de communication devront être envoyées par courriel aux responsables du séminaire avant le 30 avril 2016, sous la forme suivante :
– NOM, prénom, date de naissance.
– Adresses postale, téléphonique, électronique.
– Diplômes, fonctions actuelles, principales publications (au maximum 5).
– Titre et résumé (1500 signes) de la communication proposée.
– Périodes où vous ne serez pas disponible.

NB 1 : le séminaire a lieu de 18h à 20 h les 2e et 4e vendredis du mois.
NB 2 : le séminaire n’ayant pas de budget propre, il n’est versé ni émoluments ni indemnités de transport.

Responsables du séminaire :
Augustin Berque, directeur d’études à l’EHESS (berque@ehess.fr)
Luciano Boi, maître de conférences à l’EHESS (lboi@ehess.fr)
Romaric Jannel, doctorant EPHE (romaric6@hotmail.com)
Yoann Moreau, postdoctorant à l’IIAC (EHESS/CNRS, yomoreau@ehess.fr)

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Academy of Korean studies Inalco Université Paris Diderot-Paris 7 EHESS